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Sangs mêlés de Fanny Campan

La lecture d’un premier roman réveille toujours une certaine curiosité. On se demande qui est l’auteur ou l’auteure ; on fait quelques recherches sur internet. Pourtant à la fin, on revient au roman pour en comprendre ou en extraire la substance essentielle.

 

J’évite de faire appel à lui de façon trop régulière. Des fois qu’il prenne ça pour une invitation… Je n’ai pas de temps à consacrer aux garçons. Ils ne m’intéressent pas. Quand il est question de femmes : tous coupables ! Il n’y a qu’à voir mon père dont on raconte qu’il a violé ma mère, ou le mari de Klara qui est un monstre.

 

Sangs mêlés est un texte accessible certes, mais qui pourrait susciter des questionnements quant à son contenu. Ce qui est, à mon sens, un gage de réussite, puisqu’un roman est celui qui questionne avant tout.

 

Ce roman met en avant deux personnages principaux : Sali et Klara.

 

Sali, Sénégalaise, est la fille adoptive de Klara, Néerlandaise.

La seconde est psychologue et la première, à l’instar de la première, s'initie à la psychologie. Cependant Sali est une observatrice et elle pense que la vie de sa mère blanche devrait être mise par écrit. Elle ne se doute pas que dans cette initiative, Klara est peut-être sa véritable première cliente, car en entreprenant la rédaction de cette biographie, c’est vers une sorte de catharsis qu'elle mène Klara qui va entrer dans toute sa vie pour pouvoir certainement se retrouver et reprendre la vie, après la trahison de son homme, Jérémie Sain-Dior.

 

On va dire que ce roman est un récit dans un roman, un voyage au cœur d’une intimité, mais aussi au cœur du monde, une errance, des retrouvailles, un lieu.

 

Sangs mêlés est-il plus pertinemment écrit : tout comme il faut à Sali du courage pour entrer dans cette histoire qui est aussi la sienne puisque dans la vie de Klara, il y a une part d’elle-même. Découvrir l’histoire de Klara, c’est découvrir ses propres origines. C’est une des forces de la liberté d’esprit, d'écriture et de mobilité de Fanny Campan.

 

Sangs mêlés est le roman de la femme. Je ne le dis pas parce que les hommes n’y sont pas peints comme des saints, mais parce qu’à travers l’histoire de Klara, il y a comme le passage qui se fait, une sorte d’initiation à la vie. Entre colère et déception, Klara veut transmettre à Sali une conviction : la capacité qu'elle possède de se prendre en charge sans dépendre d'un homme.

 

Je ris. Klara me serine depuis toujours que je n’ai pas besoin d’un homme dans la vie. Enfin, pas besoin de mari. Un homme, ça peut servir de façon occasionnelle.

 

Sangs mêlés est un texte qui est commandé par des odeurs de sangs et des mélanges d’expériences ; sangs comme vie, comme quêtes, comme sueurs, comme rencontres, comme féminités, comme origines et comme ouvertures aux mondes.

 

Il y a dans ce roman comme une quête… Une quête de soi, mais aussi un désir d’aller de l’avant, d’affronter l’avenir. Ce livre témoigne aussi des relations entre personnes de diverses origines. Le texte n’est pas dans les excès et ne pose pas des questions de racisme comme tel.

 

Somme toute, le roman est une belle histoire, une belle narration, une belle déclaration d'amour faite au Sénégal de la part de Fanny Campan. Je suis admirative devant la force des mots et des représentations originales, de la traduction des émotions qui se traduisent par chaque phrase et chaque évocation. Je laisse aux lecteurs le bonheur de se faire leur propre idée en lisant ce livre, car si la vie est un long chemin, Sali et Klara nous rappellent qu’elle n’est jamais un fleuve tranquille.

 

Je remercie les éditions Les Lettres Mouchetées pour ce service de presse.

 

Nathasha Pemba

 

Références

Fanny Campan, Sangs mêlés, Pointe-Noire, Lettres Mouchetées, 2021.

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