Armand Gauz, Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire 2018 pour son roman « Camarade papa »,
À la suite des écrivains ivoiriens Aké Loba, Bernard Dadié, Jean-Marie Adiaffi, Ahmadou Kourouma, Maurice Bandaman et Véronique Tadjo…
Notons que le poème, Les seins de l'amante de Timba Bema (aux éditions Stellamaris) est colauréat de cette édition.
Gauz, un écrivain engagé
Le premier roman de Gauz, Debout Payé, publié en 2014, connaît un succès phénoménal dès sa sortie. Dans ce best-seller en France et un peu partout dans le monde, l’auteur porte un regard interrogateur sur la société de consommation en s’appuyant sur ses expériences de vigile. On reconnaît, en outre, que ce livre propose une réflexion sociopolitique et historique pertinente sur la situation des «minorités visibles» en France.
« S’il y a une constante entre Debout payé et Camarade papa c’est la question de la construction des valeurs symboliques plus fortes susceptibles de fabriquer la décolonisation intellectuelle »[1]
Camarade Papa
En 2018 paraît le deuxième livre de Gauz, Camarade papa. Dans le livre, deux traversées polémiquent :
Présentation de l’éditeur :
1880. Un jeune homme, Dabilly, fuit la France et une carrière toute tracée à l’usine pour tenter l’aventure coloniale en Afrique. Dans une « Côte de l’Ivoire » désertée par l’armée française, quelques dirigeants de maisons de commerce négocient avec les tribus pour faire fructifier les échanges et établir de nouveaux comptoirs. Sur les pas de Dabilly, on découvre une terre presque inexplorée, ses légendes, ses pactes et ses rituels…
Un siècle plus tard, à Amsterdam, un gamin d’origine africaine raconte le monde postcolonial avec le vocabulaire de ses parents communistes. Lorsque ceux-ci l’envoient retrouver sa grand-mère et ses racines en Afrique, il croise les traces et les archives de son ancêtre.
Ces deux regards, celui du blanc sur l’Afrique et celui du noir sur l’Europe, offrent une histoire de la colonisation comme on ne l’a jamais lue. Gauz fait vivre des personnages tout en contrastes, à la lumière solaire, dans une fresque ethnologique pétrie de tendresse et d’humour."
Comme dans Debout Payé, Gauz poursuit dans Camarade Papa l’histoire de la colonisation et de la décolonisation, de l’immigration, des espoirs et de l’espoir des Africains et de certains Occidentaux. Par ailleurs, Gauz cherche constamment à approfondir ses connaissances et à affiner sa compréhension de l’histoire de la colonisation et de l’immigration africaine qui le préoccupe. Comme on peut le constater en le lisant, Camarade papa est un roman très documenté qui revisite l’histoire.
Gauz, écrivain d’une histoire à partir de l’Histoire
À travers différents plateaux, Armand Gauz maitrise autant la culture ivoirienne, française, francophone pour montrer que si l’humain qu’il est se définit avant tout par son être, il incarne aussi des valeurs, un lieu, une maison, une culture ou des cultures… une humanité. En acceptant de prendre la parole, Gauz contribue à sensibiliser la collectivité à la réalité de l’histoire de la colonisation, de la décolonisation des migrants en Occident...
Partout où il passe, Armand Gauz marque les gens par sa simplicité (son look et son sourire notamment) qui le rend de fait accessible, son humour équilibré qui parle au monde, sa passion, sa générosité, sa culture son intelligence vive et son ouverture à la cause de l’humain. Il incarne un modèle de résilience, de travail et de talent. Avec un charisme bien particulier, Gauz fait comprendre qu’on n’a pas besoin de déconstruire pour être. Il faut plutôt Construire ce qui n’a peut-être jamais été construit ou qui n'est pas achevé : Notre case symbolique.
Recevoir ce prix pour Gauz est certainement une reconnaissance. J’espère que cela permettra aux lecteurs de se procurer cet ouvrage et ses ouvrages antérieurs et ultérieurs pour comprendre davantage l’histoire de la colonisation, le phénomène de l’immigration et l'humanité dans ce qu'elle a d'excellent. Il ne nous suffit donc pas d’attendre de Gauz un engagement continu, une responsabilité qui consistera à donner un visage et d’humaniser nos mots, nos maux et nos vécus… Il faut s’engager avec lui.
Camarade Papa et les Prix littéraires
Prix Ivoire pour la littérature Africaine d’expression Francophone 2018 par l’Association Akwaba Culture.
Grand Prix national Bernard Dadié 2019 de la littérature
Grand prix Littéraire d’Afrique noire 2018
« Je crois que quand tu arrives à faire rire quelqu’un, tu parles directement à son intelligence… Celui qui rit, c’est celui qui a compris ! Et puis le rire est une manière de résister, un appel au recul, au calme, une manière de réunir un maximum de monde autour de soi »[2].
Armand Gauz
Armand Gauz, Grand Prix Littéraire d’Afrique noire 2018 pour son roman « Camarade papa »
L’ADELF (Association des Écrivains de la Langue Française) réunit, dans un même attachement à la langue française, des écrivains de toutes origines. Son objectif est de révéler de nouveaux talents et de consacrer les écrivains majeurs qui, par la qualité de leur écriture et la force de leur engagement, font rayonner dans le monde entier les valeurs de la francophonie.
Pour l'ADELF, la langue française représente un patrimoine commun en perpétuelle et nécessaire évolution, qui précède ou accompagne, par le dialogue des cultures, les mutations du monde moderne.
Bravo Armand !
Nathasha Pemba
[1] Armand Gauz dans l’émission « Les Lectures de Gangoueus », http://www.sudplateau-tv.fr/2018/09/14/les-lectures-de-gangoueus-invitee-armand-gauz-pour-camarade-papa/?fbclid=IwAR37N8FSQQCqRbosc6QcwhNzS_jXjghSI7bpGgysGV76jRmPpFDAXW7P4Xs
[2] Magazine, Jeune Afrique du 07 septembre 2018, https://www.jeuneafrique.com/mag/622375/culture/litterature-gauz-je-voulais-etre-le-colon-blanc-qui-debarque-sur-une-plage-ivoirienne/