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A l'ombre des érables et des palmiers de Guy Bélizaire

Guy Bélizaire, d’origine haïtienne offre un recueil de Nouvelles d’une richesse extraordinaire. Composé de quatorze nouvelles, « À l’ombre des érables et des palmiers », un titre très révélateur, situe le lecteur entre deux mondes : le Canada représenté par l’érable et Haïti symbolisé par le palmier. Il y parle des Haïtiens d’ici et de là-bas.

 

Si les symboles ont un sens très fort à partir de la première de couverture, l'on constate que les nouvelles telles qu’elles sont présentées expriment en profondeur l’état d’esprit d’un immigré qui vit toujours entre la culture d’origine et la culture de la terre d’accueil. Ce qui, à mon sens, s’illustre de manière assez puissante dans la nouvelle intitulée « Vengeance », où lorsqu'après avoir été licencié de son travail, le père de famille ne pense qu’à une seule chose : rentrer chez lui. 

 

Rentrer chez soi ici apparaît comme une renaissance car le lieu des origines qu’on a jadis quitté pour des raisons diverses devient comme le lieu de l’espoir. Chez nous ou chez soi paraît être le lieu où l'on pense que l'on ne pourra rejeté même si on est au chômage. Chez nous est le lieu où, malgré la misère, on nous respecte et où la dignité revêt un sens. Malgré les difficultés économiques ou politiques, le lieu des origines devient le lieu du Salut.

 

Dans la nouvelle « Vengeance » comme dans toutes les autres, Guy Belizaire interprète la réalité de « l’immigration » non seulement comme possibilité de partir, mais aussi comme possibilité de rester au sens où celui qui part ne part jamais en réalité. En effet, dans le texte, chaque personnage de chaque nouvelle rappelle Haïti. Même celui qui a complètement bâti sa vie et qui occupe un poste assez important dans le pays qui l'a accueilli,  reste toujours tourné vers ses origines, vers des souvenirs d’enfance parfois cruels ou joyeux; vers sa famille.

 

Dans ces textes de l’exil, les personnages vont à la rencontre de la bêtise humaine où finalement on finit par se rendre compte que l’homme où qu’il soit reste homme. Revenant toujours dans la nouvelle « Vengeance », l’auteur montre comment en face de son désir de venger, le jeune adolescent se rend compte que le préjugé peut parfois faire commettre des bêtises.

 

La notion de préjugé ouvre ici directement à l'un des thèmes que soulève également l’auteur dans ce recueil : Le racisme.

 

Selon un constat et une expérience personnelle, le racisme dans les sociétés occidentales se fonde souvent sur un préjugé ou sur un complexe de supériorité. Plusieurs racistes sont souvent ignorants de la culture des personnes envers lesquelles ils posent des actes de racisme. Il y a environ deux jours un collègue me demandait si le racisme me choquait. Je lui ai répondu que non. Néanmoins avec l’habitude j’ai appris à repérer ceux que je considère comme inculte dans le sens des personnes en manque notoire de culture. Et ceux qui volontairement sont racistes, se prennent pour la race supérieure et ont tendance à ridiculiser les personnes différentes d'eux. Avec ceux-là, je réagis automatiquement pour ne pas qu’ils aillent au bout de leur logique de raciste. En général ce type de racistes portent des préjugés du genre : « Tous les noirs font des sales boulots et qu’ils ne peuvent jamais faire plus que ça » ou encore « les personnes issues des pays en voie de développement mangent beaucoup ».

 

Quelquefois on parle d’accent alors que tout être humain incarné dans une société est porteur d’un accent. Or lorsqu’on vous pointe par votre accent on vous classe déjà comme étranger, celui qui n’est pas « d’ici ». C’est aussi cette attitude qu’on retrouve dans la première nouvelle du recueil qui s’intitule « L’accent ». On y retrouve des expressions comme : « les regard qu’on lui jetait », « se sentant mal à l’aise dans ce quartier », « Dites-donc, madame, c’est la première fois que vous voyez un nègre ? », « Retournez donc chez vous ! », « Son accent lui avait joué un mauvais tour ».

 

Dans cette première nouvelle, le mot regard revient plusieurs fois. C’est pour montrer que si "au commencement est le regard" comme le souligne Bachelard dans la préface de « Je et tu » de Buber, dans le racisme aussi le regard occupe une place importante ; c’est un regard qui enferme et qui nie l’altérité et même l’existence d’autrui. C’est un regard discriminant qui empêche l’étranger de s’intégrer et de se faire une nouvelle existence.

 

L’ouvrage est très intéressant au niveau du genre, mais aussi d’un point de vue sociologique où l’auteur présente le fait social tel qu’il se vit réellement dans la société québécoise. Il replace la question du racisme au cœur des débats, car c’est une question qui est souvent éludée notamment avec les expressions comme « le racisme systémique ». Il donne la parole à des personnages qui décrivent bien le quotidien de certains immigrés :

 

« Il se souvenait qu’un jour, la fille qu’il avait voulu demander une information s’était sauvée en courant quand elle avait remarqué à qui elle avait affaire ».

 

En dehors des nouvelles citées plus haut, plusieurs autres sont intéressantes comme le Pardon, la haine, le dernier acte. Je recommande vivement ce recueil.

 

In fine, « À l’ombre des érables et des palmiers » permet de comprendre le regard sur l’immigré et tout ce qui va avec à l'instar du racisme, de la discrimination et du renfermement sur soi. L’auteur soulève les questions de l’identité et du multiculturalisme vécu au-delà des théories. La leçon que l'on pourrait retenir c'est que l’immigré est un Autre pour tous. Il est un étranger qui est appelé à s’intégrer au Nous qu’il trouve lorsqu’il arrive, mais le Nous local doit aussi s’ouvrir à lui au sens où il ne doit pas limiter le statut de l’immigré à un travail qu’il doit accomplir ou encore à sa couleur de peau, mais il doit l’accueillir comme un alter ego qui est un possible concitoyen différent dans son être.

 

Nathasha Pemba

 

Références de l'ouvrage

Guy Bélizaire, « À l’ombre des érables et des palmiers », Ottawa, Éditions l'interligne, 2018.

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