Ophélie Boudimbou, congolaise de Brazzaville est doctorante-chercheure en Littératures comparées à Lille. Autrice, elle vient de publier un livre de cuisine Kanika dans la cuisine de Mamie. Juvénale Obili, bloggeuse culturelle l’a rencontrée pour le compte du Sanctuaire de la Culture.
Peux-tu nous parler de ton projet « Petits bouts d’histoires » ?
Petits bouts d’histoires est une plateforme que j’ai créée en 2018 avec pour ambition de partager du contenu autour d’une thématique précise : l’Afrique, son Histoire et sa culture. A ce jour, Petits bouts d’histoires est en phase de devenir une marque qui crée des livres, box et objets dérivés sur la culture africaine.
Qu'est ce qui t'a inspiré cette merveilleuse vision ?
Tout est parti d’un déclic : le besoin de lire à mes cousins nés en France des livres qui présentent de façon positive l’Afrique. Puis la prise de conscience du manque d’information sur le continent africain. C’est en m’informant moi-même sur l’Afrique que j’ai découvert son Histoire tout autant que sa richesse culturelle. Je souhaite à présent transmettre, à travers les livres que j’écris, cet émerveillement que j’ai ressenti au fil de mes recherches.
Penses-tu qu'il est intéressant de poser un regard explorateur à l'endroit du berceau de l'humanité ?
Explorateur ? Je ne saurais vous répondre. Je n’aime pas ce mot « explorateur ». Kanika, le personnage que j’ai créé pour porter mes messages, est tout simplement une héroïne « afro curieuse[1] ». Par contre, je peux vous confier que le livre éponyme que je venais de publier invite tous les afro curieux (ses) au retour aux sources car je considère le continent africain comme le berceau de la culture. Les aventures de Kanika permettent de montrer cette Afrique dont on ne parle que très peu, que ce soit dans les manuels scolaires ou dans les médias. Il s’agit de prendre conscience de notre merveilleux patrimoine culturel et historique puis de le valoriser.
Choisir le livre comme arme pour un combat… beaucoup le font déjà. Qu’apportes-tu de nouveau ?
Dire que j’apporte quelque chose de nouveau serait prétentieux de ma part, d’autant plus que je ne suis dans aucun combat. A vrai dire, je considère le livre/la littérature comme un moyen d’expression et non pas comme une arme. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. D’ailleurs les critiques littéraires l’affirment tout haut : la littérature (l’écriture) n’est qu’intertexte. Tout n’est donc que reformulation.
Par contre, avec mon projet d’écriture, j’ai souhaité partager une vision, la mienne. Celle que j’ai sur l’Afrique et le reste du monde.
Kanika dans la cuisine de Mamie est ton premier ouvrage ?
Après quelques participations à des ouvrages collectifs et des histoires publiées en ligne, j’ai décidé de me lancer enfin dans une carrière d’autrice. Kanika est mon premier livre et donc celui qui signe le début de ma carrière d’autrice jeunesse.
Pourquoi un livre de cuisine au lieu d’un livre de contes comme on le voit habituellement ?
J’ai voulu écrire un livre jeunesse qui aborde la thématique de la cuisine. Kanika dans la cuisine de Mamie est un album jeunesse qui offre une présentation storytellée des recettes. L’ouvrage est un mélange de contes (parce que le storytelling est un cousin du conte), avec en supplément, des pages d’histoires (les pages colorées au centre du livre portent un mini récit sur les notions de transmission des valeurs et de tradition, et surtout l’Histoire du Continent), des fiches recettes (pour le côté pratique).
J’ai écrit Kanika en mettant de côté ma veste de diplômée en littérature de jeunesse pour endosser celle de jeune autrice. Le but n’est en aucun cas de cataloguer le livre. Certains lecteurs et professionnels des métiers du livre appelleront cela un ovni, parce qu’ils auront du mal à le classer dans un rayon. Les enfants et parents voient un moyen d’effectuer une activité ensemble tout en (re)découvrant le continent africain à travers les aventures de cette petite fille dans la cuisine de sa Mamie adorée.
Ce livre peut être abordé de plusieurs manières sans vouloir respecter un code précis. Il est par exemple possible de commencer la lecture de Kanika par les pages du centre, pour agrémenter le rituel du dodo. Tout comme choisir de commencer par la page de gauche, un matin, avant d’aller faire les courses en famille, puis entamer la lecture de la page de droite en cuisine ; voilà comment créer du lien entre les parents et les enfants tout en favorisant le développement de la mémoire de l’enfant ainsi que sa motricité. C’est ainsi que lire Kanika dans la cuisine de Mamie deviendra alors une activité ludique pour petits et grands.
Quel beau souvenir gardes-tu de ton autoédition ?
S’il y a bien un souvenir qui restera gravé dans ma mémoire c’est bien celui marquant la période de campagne de financement participatif de mon projet de livre. Il a fallu aller à la rencontre du public, jouer le jeu du pitch de mon projet d’autoédition, raconter une histoire pour donner envie d’y croire. C’est un peu comme une course, cela a demandé de l’endurance, un bon mental parce que tu sors de nulle part et donc il faut bien aller chercher de potentiels lecteurs et les convaincre de précommander ton livre. Ce n’est pas du tout facile j’avoue, et cela a fonctionné grâce à une réelle préparation en amont. Des nuits blanches à préparer le plan de communication afin d’espérer réussir le financement de son projet, et bien évidement, créer un mini buzz médiatique autour du livre, de l’héroïne qui a très vite été adoptée par les internautes qui ont partagé et relayé la campagne sur les réseaux sociaux. Une sacrée preuve de solidarité.
Le choix de promouvoir la richesse de la culture africaine à travers sa gastronomie est-il justifié ?
Ce livre de cuisine, c’est avant tout une histoire sur la diversité : diversité culinaire et diversité géographique. C’est une histoire autour de la richesse culinaire : celle des recettes, produits que nous avons en partage d’un coin de l’Afrique à un autre. C’est une belle histoire sur la tradition : les secrets des recettes traditionnelles gardés par les ainés, et transmis de générations en génération. Et parce qu’en Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle, il est temps de transcrire ces recettes, non seulement pour les adultes, mais aussi pour les plus petits. La transmission, la transcription de ces recettes est importante, et les enfants méritent d’être pris en compte dans cette dynamique de promotion de la gastronomie africaine. Et, bien sûr, ne l’oublions pas, la cuisine en plus d’être symbole de partage, est un lieu de voyage et de rêve. D’où le choix de storyteller chaque recette pour le plaisir des petits et des grands.
Que souhaites-tu inspirer à tout le monde au travers de ce noble combat ?
J’ignore si je dois appeler cela « combat » car je ne suis en aucun cas une guerrière et ma posture n’est pas celle d’une quelconque activiste. Tout ce que je fais, je le fais avant tout par passion. Les livres jeunesse qui peignent le continent africain, que ce soit sur son Histoire et sa culture, doivent à mon humble avis, devraient inspirer estime de soi et fierté, car c’est ce dont les enfants africains et afro descendants ont besoin pour leur développement psychologique et émotionnel. Que ce soit pour Martin Luther King ou Wangari Matai, tout a commencé par un rêve ; ils se sont projetés dans un monde meilleur à leurs yeux. Ils ont travaillé pour que cela arrive. L’Afrique a ce pouvoir d’émerveiller petits et grands grâce à son patrimoine culturel et historique. Alors, plantons des graines qui leur permettront de se les (ré)approprier, de rêver d’une Afrique meilleure.
Que pouvons-nous te souhaiter pour la suite ?
Continuer de faire rêver les enfants du monde entier avec des histoires authentiques sur la culture africaine.
Interview réalisée par Juvénale Obili
[1] Afro curieux (se) est un terme créé par la bloggeuse Sandy Abena pour désigner « une personne avide de (…) apprendre et s’informer sur l’Histoire et la Culture des communautés noires. L’Afro curieux (se) tente de déconstruire ce qu’on lui a appris à l’école et ce qu’on lui montre dans les médias. L’Afro curieux (se) a une vision d’une communauté noire dynamique et audacieuse. Positive et entrepreneuse. Une communauté qui, faisant connaissance avec la grandeur de son Histoire, et ayant conscience de ses atouts du présent, va de l’avant et construit son avenir. ». Définition à lire sur le site www.abenafrica.com
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