Demain j'aurais 25 ans est un récit autobiographique dans lequel l'auteure parle de sa vie, à partir de son arrivée en France à l'âge de quatorze ans jusqu'à la veille de ses 25 ans. Le récit est composé de trois parties.
Dans la première partie Ketsia Béatrice Safou adopte le style d'un enfant qui est heureux au milieu des enfants de la famille jusqu'à ce que ses parents biologiques, immigrés en France, décident de procéder à un regroupement familial. Elle raconte comment dans toute la folie de son adolescence, elle se débat avec le consulat de France à Pointe-Noire, avec son passeport puis avec son visa qu'elle est obligée de cacher dans sa culotte afin de ne pas se le faire dérober.
Avec la joie de partir viennent les larmes de la séparation puis les promesses et les espoirs.
À son arrivée en France, l'auteure va de l'étonnement à l'engagement. Bien qu'elle soit en famille, Ketsia Béatrice se sent parfois comme une "nouvelle" parce qu'elle sent qu'elle va devoir s'adapter à certaines habitudes. Après l'obtention de son bac, elle décide de prendre sa vie en main en maintenant très fort le lien familial.
La deuxième partie du récit est exclusivement consacrée à l'Amour qui vient avec le succès. L'amour pour un homme âgé, puis pour un autre Ludovic, moins âgé que le premier feront partie de ses expériences. Cependant la première expérience pour le premier amour envers cette personne âgée (qui peut avoir l'âge de son père) semble avoir marqué l'auteure puisqu'elle y revient sans cesse. Entre les lignes se faufilent continuellement des rebondissements après de multiples joies suivies des déceptions et des diffamations. Au milieu de ces vents contraires, l'auteure sait qu'elle doit tenir malgré tout.
Ce chef congolais qui, loin d'aimer d'amour la fille, vivait sans doute le fantasme de découvrir le corps d'une fille sortie droit de l'adolescence, de le posséder (le corps) et de lui intimer un silence qu'aucun sens humain ne pourrait tolérer. À partir de ce rejet, le désespoir arrive dans le coeur de l'auteure qui finit par comprendre que cet homme-là, Coco le chef, n'est en réalité qu'un curieux qui voulait découvrir son corps... Un "salaud" de plus selon la meilleure amie de l'auteure.
"Je raccroche, mon visage s’inonde de larmes. Je perds toutes mes forces et m’écroule sur le lit. Je pleure comme rarement j’ai pleuré. Personne n’est au courant de cette relation, donc personne ne peut me consoler. Ce n’est peut-être pas la première bourrasque que j’affronte, mais c’est la pire de toutes et je ne suis pas très vaillante. (…) Je mesure ce soir-là l’expression « pleurer toutes les larmes de son corps ». Comme les insectes qui se cognent à la vitre, des pensées vont et viennent dans ma tête. Comment peut-il me dire ça ? Dieu ! Que les choses ont changé. Ce Mec me courait après il y a encore quelques jours. Je suis tombée amoureuse de lui, certes je savais qu’il était marié, mais c’est lui qui a voulu de cette relation. Alors pourquoi tant d’inhumanité ? Cette expérience avec Coco m’avait complètement traumatisée et déprimée. J’avais cru aimer un homme bon, un père de famille attentionné, ce n’était qu’égarement !"
Dans la troisième partie, l'auteure parle de ses autres publications et particulièrement de son livre "La France une justice sans justesse" qui la conduite au Palais BOURBON; Une reconnaissance qui lui donne l'occasion de rencontrer plusieurs personnalités françaises et d'avancer dans ses choix.
Par ailleurs, Ketsia Béatrice n'oublie pas, en passant, de questionner l'impact du réseau social Facebook dans la vie des gens.
Demain j'aurai 25 ans, est le livre de la vie de Kétsia Béatrice Safou.
Comme lectrice, je n'ai évidement pas manqué de réagir. D'abord c'est un livre qui se lit très facilement. Et puis il y a le côté narratif qui vous conduit à aller un peu plus vite pour connaître le dénouement du récit. Cela est vrai pour moi et le sera certainement pour d'autres lecteurs, Plus on lit, plus on a l'impression de connaître chaque personnage, et plus on a envie de percer le secret du mystère. Sur ce coup-là, je dirais que l'auteur a brillamment réussi son oeuvre.
Mon bémol, c'est que j'aurais souhaité que ce récit autobiographique soit un roman écrit à la troisième personne. Sur le plan littéraire ce livre aurait eu un impact plus grand. Néanmoins, j'estime que ce qui compte c'est l'intention de l'auteure. En discutant avec mon frère, j'ai pensé qu'elle voulait tourner la page de beaucoup de choses et écrire s'est avéré à ce moment-là comme un acte thérapeutique. Dans un autre sens, j'ai pensé que l'auteure voulait attirer l'attention des jeunes filles ou encore des femmes qui se laissent obnubiler par l'argent ou le pouvoir et qui croient à l'amour pour toujours personnifié par l'instant.
Nathasha Pemba,
Références de l'ouvrage
Ketsia Béatrice Safou, Demain j'aurai 25 ans, Paris, Édilivre, 2017.