L’école des chiens… Un sujet bien insolite ! Le récit indique un nom. Celui de Max le chien. Mais aussi une voix. Celle du narrateur. Il y a la famille biologique du chien et sa famille adoptive. Le narrateur explique comment il a adopté Max. Il y a également l’école des chiens. Le lieu de la rencontre de Max, l’héroïne du récit avec d’autres chiens. L’école des chiens c’est l’histoire d’un chien et de son maître. Max arrive dans la vie de son maître non pas comme un nouveau-né attendu depuis belle lurette et dont on a préparé à l’avance l’arrivée ; lu des livres sur comment être un bon père ou une bonne mère, choisi les couleurs. Non, Max arrive dans la vie de son maître en quelque sorte comme un maître qui va lui apprendre à re-vivre, à se former à l’école des chiens, car il n’a jamais vécu avec des chiens. C’est ainsi qu’au début, Max le chien devient le guide du maître pour lui apprendre comment cela se passe dans le monde des chiens. Mais aussi comment aller à la rencontre d’autres humains.
De chien à maître, de maître à guide, les deux complices finissent par développer une amitié très particulière, si bien que lorsque la santé du chien décline, le narrateur vit des moments de solitude profonde, malgré la présence de certains amis et de certains membres de sa famille qui lui disent crûment qu’il n’a pas à se laisser aller pour un chien.
Ce n’est qu’un chien ! Il faut passer à autre chose
Non ! Max était un chien certes, mais ce n’était pas un chien ordinaire. Pour le narrateur, Max était un philosophe. Il exhalait le parfum de la sagesse de l’amour. Il avait le sens de l’humour et c’était un vrai compagnon. Max, un chien qui avait réconcilié le narrateur avec sa mère.
En parlant du lien que sa mère avait noué avec Max, le narrateur fait remonter le souvenir d’une souffrance, celle de la mort de sa mère qui demeure encore en lui. Une mère qu’il a vu décliner, comme son chien aussi. Une mère qui est partie, comme le chien aussi. Une douleur invisible dont seul le souvenir des moments heureux peut donner la force de passer à autre chose, sans pourtant les plonger dans l’oubli. De ce fait, pour sortir de son deuil, il puisera dans le souvenir de sa relation avec Max pour pouvoir surmonter le vide intérieur qui l’habite.
J’ai rencontré Daniel Guenette dans un lieu où on rencontre beaucoup de gens, mais un lieu où peu de souvenirs s’incrustent dans notre mémoire. Dans un aéroport, les gens passent repassent, entrent re-rentrent, sortent et res-sortent. Ce qui nous a rapproché ? Un livre. C’est autour d’un livre que j’ai su à la fin que j’avais en face de moi un passionné des Livres… Un peu comme moi. Nous aurions pu rester là à parler Livres… Construire trois tentes. Une pour moi, une pour lui et une pour stocker les livres. Mais le propre de la rencontre étant de discuter certes, mais il y a aussi la mission d’aller annoncer la beauté de l’œuvre. Ainsi donc, j’ai choisi de perpétuer l’éternité de cette rencontre rencontre à travers ce récit.
Avec ce livre assez particulier écrit dans un style poétique et quasi-testamentaire, Daniel Guénette, marque non seulement sa singularité, mais nous enseigne aussi que le chien est un être vivant qui peut apprendre à un humain à faire communauté. La puissance de ce récit est éloquente sur le fait qu’un deuil fait partie de la vie de tous les humains en tant qu’animal rationnel et que le vivre et l’assumer est l’un des grands moyens pour pouvoir continuer à vivre.
Nathasha Pemba
Daniel Guénette, L'école des chiens, Mtl, Éditions tryptique, 2015