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Le ciel à Gagner de David Ménard...

David Ménard fait partie de ces auteurs dont on reconnait le style dès l'entrée en matière. Poétique, réaliste, actuel... mais surtout libre.

Le ciel à gagner reste le fruit d'une expérience puisque l'auteur a été avant tout un fonctionnaire fédéral lui-même. C'est au fil de son expérience qu'il prend conscience que la routine qui s'impose souvent aux employés les coupe du monde et parfois d'eux-mêmes. Néanmoins il est important de souligner que cette oeuvre n'est pas autobiographique.

David Ménard questionne la routine professionnelle et l’individualisme de notre époque.

 

Si le livre se situe à la charnière entre le roman et la poésie, le sujet traité est de grande envergure. L’auteur, à partir de cinq jours de la semaine personnifiés,  montre comment les humains s’enlisent dans la routine et la monotonie à partir de leur emploi, mais aussi dans le désir absolu de faire inexister autrui de manière parfois tout à fait inconsciente.

 

Ici, si le travail est présenté comme le lieu de l’égoïsme, il devient aussi le lieu de la décadence de toute la vie de l’individu :

 

« Vous êtes branchés sur tout , sauf sur vous-même ».

 

Au lieu d'assurer l'indépendance, le travail développe désormais la dépendance.

Le texte est découpé en différents jours de la semaine pour souligner l’enfer du travail et la répétition des gestes. L'auteur veut montrer comment la société et notamment le travail coupe l’individu des autres possibilités d’Être. En somme, le texte dénonce un peu la société oppressante qui enferme l’homme aujourd'hui.

 

« Oui, vous savez tout. Vous avez le crâne bourré de chiffres, de codes, de noms d’utilisateur et de mots de passe. Vous avez le cerveau prêt à vomir. Vous avez tout appris. Mais vous avez oublié comment on parle de la pluie et du beau temps, vous ne vous souvenez plus de l’anniversaire de votre mère. Alors, vous réapprenez par cœur ce qui vous attendrissait autrefois. Vous révisez vos couleurs préférées, votre propre histoire et l’art de la petite conversation ».

 

David Ménard soulève quelques points importants.

Le premier à mon avis c’est la course au pouvoir dans les milieux professionnels où la personne humaine est devenue esclave des catégorisations et des promotions et où être le meilleur, même au mépris de l’autre est devenu la norme. Il montre, en outre, que dans certains milieux de travail, toute la vie de l’homme est commandée par une certaine manière cadrée de faire ceci ou cela.

 

Le second point c’est l’indifférence de l’homme ou la femme de notre temps. Il y a comme un conflit permanent  aujourd’hui entre le sens et le non-sens. On est devenu esclave de la mode et de tout ce qui va avec : publicité, régimes à tout prix… Bref l’homme aujourd’hui est devenu un déserteur de la société.

 

Le troisième point, c'est le délitement du lien social.

À force de s'enfermer dans son travail et de vouloir à tout prix plaire, l'individu de notre temps ne se rend pas compte qu'il na plus de vie sociale et que, hors de son travail, il n'est rien.

 

L’auteur soulève encore d’autre points que nous vous encourageons à découvrir en achetant le livre.

 

Dans la journée du lundi, j’ai découvert plusieurs personnalités :

Marie Terne : Cette responsable d’entreprise qui a refusé de laissé filtrer la lumière dans sa vie et qui déteint "le sombre" sur ses employés. Elle a réglé son style vestimentaire, ses manières sont devenues automatiques.

 

Les œuvres  publiées aux Éditions l’Interligne ont ceci de particulier : ils questionnent profondément mon sens philosophique. Quand j’ai commencé ma lecture de  Le ciel à gagner, à la cinquante-neuvième page, je pensais déjà à « L’ère du vide » de Gilles Lipovetsky sur l’individualisme moderne. Même si ce dernier pointe en particulier les sociétés démocratiques, l’inquiétude portée est la même. 

Je recommande vivement ce livre qui vous questionnera, fera rire, pleurer de rire... et réfléchir.

Un immense merci à l'auteur et à l'Éditeur.

 

Nathasha Pemba

Références

David Ménard, Le ciel à gagner, Ottawa, Les Éditions L'Interligne, 2017.

 

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