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Trentième jour du confinement

Et ce n’est pas encore fini. Ce 15 avril aurait pu être le jour de la fin du confinement, mais, deux jours avant, le président en a décidé autrement. Le confinement est prolongé jusqu’au 11 mai. Encore 26 jours à tenir et, là aussi, rien ne garantit qu’il ne sera pas à nouveau prolongé. Attendons voir!

 

Cela fait exactement trente jours que je ne suis pas sorti de ma ville. Je regarde par la fenêtre heureusement que ma profession ne m’exige pas d’être enfermée dans un bureau, il me faut juste un ordinateur et une connexion internet, je peux donc travailler, mais le contact humain me manque. J’aime rencontrer et discuter avec de nouvelles personnes.

 

Je regarde par la fenêtre, je vois le beau soleil et j’entends les chants des oiseaux. Une nouvelle journée printanière qui augure sans doute des lendemains plus joyeux. Mais hélas! Ces derniers jours n’ont pas été du tout joyeux. Le jour de Pâques, mon beau-père a tiré sa révérence, emporté par le Covid-19. Son organisme affaibli par des années de maladie n’a pas résisté à l’attaque foudroyante du virus. Le sort a voulu qu’il parte le jour où l’on commémore la résurrection du Christ. Quelques jours plus tôt, une personne que je côtoyais dans le cadre de mon travail a été emportée par le mal du moment. Ces dix derniers jours, mon confinement joyeux est devenu très triste. La disparition des personnes proches pousse souvent à réfléchir sur le vrai sens de la vie, sur la futilité de certaines de nos actions. L’on prend conscience que tout est vraiment éphémère, que le plus grand bien de l’homme est son souffle de vie. Une fois que celui-ci s’arrête, tout le reste n’est plus important, puisqu’on n’est plus là pour le voir.

 

Que l’on soit un homme ou une femme de valeur, respecté(e) et adulé(e), tout cela n’a plus de sens. Il n’y a égalité que face à la mort.

 

Je réfléchis à tout cela depuis des jours. J’essaie de relativiser comme j’en ai l’habitude et me dis que tout est question de destin. Que l’humain ne peut rien face à des forces qui le dépassent, en l’occurrence le Covid-19. Évidemment, ce n’est pas facile. Peut-être dans les prochains mois après le confinement, mais pas maintenant. Je n’ai pas le recul nécessaire. Nous n’avons plus d’évidence, nous vivons au jour le jour, au gré des nouvelles toujours pas réjouissantes, mais essayons de maintenir un semblant d’équilibre. Dans le fond, nous nous posons des questions existentielles.

 

En parlant des questions, je me souviens d’une qui m’a été posée lors d’un échange sur les réseaux sociaux. Es-tu inquiet du devenir du monde?

 

Même si la situation qui prévaut actuellement incite plus au pessimiste qu’à l’optimiste; même si, chaque jour dans les médias, les infos augmentent notre peur et notre psychose, une chose est sûre : je ne suis pas inquiet sur le devenir du monde. L’histoire nous a montré que l’être humain avait non seulement la capacité incroyable de se mettre dans les situations impossibles, mais aussi et surtout celle de trouver les moyens de s’en sortir. C’est ainsi que l’humanité a évolué. Des conflits en tout genre succédant aux épidémies et aux famines. L’humanité a tout connu. Le Covid-19 est une nouvelle épreuve qu’elle traverse et c’est peut-être la troisième guerre mondiale que tout le monde prédisait depuis la fin de la deuxième.

 

Chaque fois que l’humanité fait face à une crise majeure, on se dit que c’est la fin. Ceux qui ont vécu la peste au Moyen-Âge et la grippe espagnole au XXe siècle ont dû avoir les mêmes pensées et les mêmes peurs. Ils ont pensé que l’humanité allait s’éteindre (ces pandémies ont plus des victimes que le Covid-19). Pourtant, nous sommes encore là. Je sais que cette pandémie sera vaincue, c’est juste une question de temps. En même temps, je comprends le désarroi de certaines personnes. Je ne suis pas inquiet, mais, suis curieux de voir à quoi ressemblera le monde post Covid-19. Quels changements observera-t-on? C’est la question que je me pose.

 

Une chose est sûre, le monde sera diffèrent de celui qui nous avons connu jusque-là. Le monde changera. Cette crise sanitaire est une sorte de révélateur pour l’humanité. Elle a ébranlé les fondements et les certitudes des grandes nations qui croyaient, avec arrogance, pouvoir faire face à tout. Des systèmes de santé admirés de tous ont vite été dépassés. Le monde post Covid-19 devra tenir compte de tout cela et l’humanité devra tirer les leçons de cette situation. La bonne attitude consisterait à se servir de cette pandémie pour entamer une nouvelle révolution dans l’histoire de l’humanité. Pendant longtemps, nous avons craint une troisième mondiale entre les super puissances, nous avons droit à une guerre d’un autre genre. La victoire ne sera pas celle d’un camp sur un autre, mais celle de toute l’humanité. Les pays dits sous-développés devraient également, absents dans le débat sur les recherches, qui font face au même mal doivent réfléchir sur les politiques futures. Le monde traverse une étape importante de son existence qui n’est pas sans rappeler celle d’après la Grande Guerre. La guerre avait permis aux peuples opprimés de se rendre compte que l’oppresseur pouvait aussi être vaincu. On connaît la suite de l’histoire. Seulement, au fond de moi, j’ai quelques doutes. Même s’il y aura des changements dans quelques secteurs (la santé notamment), pour le reste, nous allons retrouver le même monde avec les mêmes habitudes. Le danger pousse l’être humain à s’adapter et une fois celui-ci écarté sa vraie nature revient. Le danger n’étant plus qu’un vieux souvenir. Je sais que l’injustice, la corruption, la haine de l’autre ou autres maux seront toujours là.

Finalement, même pour moi qui suis casanier, l’attente du déconfinement commence à se faire ressentir, je me projette sur l’après-confinement, sans en avoir la conviction.

J’ai une pensée pour ceux et celles qui traversent cette maladie encore, qui luttent pour leur survie, et je me dis 30 jours ou 60 jours sont supportables pour nous sauver et sauver des vies. Je ne sais pas ce que deviendra ce monde, mais je suis certain qu’il ne sera plus pareil, car certains ont été emportés par le Covid-19, le deuil on le fera après, le manque on le ressentira après, car pour l’instant, nous sommes en zone trouble.

 

Anthony Mouyoungui

 

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