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Bob Kanza: Un artiste est une éponge

 

Bonjour Bob Kanza. Vous allez bien ?

Oui, ça va par la grâce de Dieu.  Par contre c’est bientôt  l’hiver et c’est la saison que j’aime le moins.

 

Vous êtes un illustrateur d’excellence, vous portez beaucoup de cordes à votre arc…, illustrateur, scripteur, joueur d’instruments de Musique… On se demande quelle était l’ambiance chez les Kanza, pour faire naître un tel talent…

Mon grand-père était dessinateur en bâtiment. Le dessin vient peut-être de là… Mon père dessinait lui-même ses logements. Il jouait quelques accords de guitare et fredonnait les lignes de basses de ses rumbas préférées. Un vrai Bantu de la Capitale. Je crois qu’il a reporté ses rêves de musiciens sur mes frères et moi en nous inscrivant au solfège alors que nous étions adolescents. Je n’ai jamais lâché la musique depuis.

Après toutes ces années, j’ai un répertoire de chansons personnel. Peut-être qu’un jour je les enregistrerai...

Ma sœur aînée est “couturière” comme on dit au pays.  “Couturière” mais couturière de génie. Elle n’a pas fait d’école de stylisme mais elle créée des robes de soirée sur-mesure d’une qualité et d’une originalité remarquable à Pointe Noire. Les femmes de la “haute société” se bousculent pour porter ses créations.

En effet je crois avoir bénéficié d’un environnement favorable à l’expression de l’art en général.

 

Devenir Illustrateur était-il dans vos plans depuis toujours ?

Oui j’ai toujours voulu être dessinateur. Je voulais en fait devenir Architecte. Dessiner des bâtiments comme mon père et mon grand-père. Mais comme beaucoup de parents africains, il fallait à tout prix que leur fils devienne médecin ou avocat. C’était non-négociable!  J’ai donc commencé des études de médecine à Brazzaville. La guerre civile de 1997 a tout chamboulé. J’ai dû prendre le chemin de l’exil comme de milliers de jeunes congolais de cette époque. J’ai trouvé refuge à Abidjan où j’ai suivi une tout autre branche (l’informatique) au grand dam de mes parents.

Mon diplôme de Technicien en Informatique en poche, j’ai été embauché par Gbich!, un hebdomadaire Ivoirien. C’est à Gbich! que j’ai véritablement été façonné. J’y ai appris la satire, la bande dessinée et la mise en page. Merci à mes mentors :  Zohoré Lassane, Illary Simplice et Bledson Mathieu.

 

Parlez-nous un peu de vous… vos différentes œuvres…

Je suis de nature très timide mais je me soigne. Aujourd’hui je suis partagé. Je cours plusieurs lièvres à la fois. Je suis Développeur Web au quotidien. Je design et code des interfaces web à longueur de journées. C’est mon gagne-pain. Après ma journée de bureau, tel un super-héro de Marvel ( j’aime bien l’analogie) je revêts mon costume de dessinateur. Je travaille sur des commandes d’illustration, et sur ma prochaine bande dessinée.

Je travaille bien entendu en musique et forcément, mon synthétiseur est à portée de main. Entre 2 encrages, je joue du Gospel, du Zouk et de la Rumba Congolaise. Avec mes différents groupes de musique nous apportons un peu de soleil chaque fois que nous sommes engagés pour animer un mariage ou un anniversaire en Normandie. Ma plus grande oeuvre, je l’ai faite pour le compte du journal Gbich! Il y a bientôt vingt ans! J’y ai créé la BD Sergent Deutogo, la chronique Le syndicats des Chefs d’Etats Africains avec Illary Simplice et Karlos Guede Gou.

J’ai également réalisé des BD de communication comme “SAM SAM et le masque volé” pour le journal Hollandais SAM SAM,  “Ne me coupez pas!” une BD de sensibilisation sur les méfaits de l’excision avec l’association ASIFA de Rouen.

 

Quel est votre rapport au dessin ?

Comme disait Napoléon Bonaparte: “un bon croquis vaut mieux qu’un long discours”.Le dessin reste mon moyen d’expression favori. Je regarde ce qui se fait de bien sur les sites de partages (Pinterest, Facebook, Instagram…). J’ai encore beaucoup à apprendre: l’anatomie, les décors, la perspective, la mise en couleurs, la narration. Le travail est immense mais cela ne me fait pas peur. Je m’améliore dessin après dessin. Comme dans toutes les disciplines, il faut beaucoup de patience et de pratique. La répétition, c’est le fondement de la réussite.

 

Il y a un personnage qui circule beaucoup sur les réseaux sociaux, on dit que vous en êtes le fondateur… Babette Motuka… pouvez-nous dire en quelques mots en quoi consiste ce projet… Comment il est né ? Y a t-il un message particulier derrière la personnalité de Babette Motuka ?

Babette Motuka? C’est moi. C’est ma projection, mon histoire. Celle du migrant qui a dû partir loin de chez lui, forcé par l’histoire et les évènements. Arrivé à l’étranger (tout le monde n’a malheureusement pas cette chance) il essaie de “s’intégrer”, de trouver une place.  Trouver sa place sans se renier. Plutôt que de me dessiner moi-même j’ai créé un prisme. D’où le personnage féminin. Cela me donne la distance nécessaire pour aborder de nombreux thèmes sociétaux. La condition d’une jeune femme dans une grande métropole comme Paris (Babette est Parisienne), le droit d’asile, les problèmes de logement, la nostalgie, les rondeurs (Babette est une BBW), le pouvoir de l’identité capillaire (NappyHair), l’amour, le métissage, la diversité, la mode (Babette est coquette), le langage (Elle parle en argot Africain), la musique, la dance, l’utilisation des réseaux sociaux... Babette Motuka, c’est donc un bon prétexte pour dire et raconter ma vie d’exilé. Ce qui me passionne, ce qui me fait peur, ce qui me surprend.

La BD est en cours de réalisation. Je ne vais pas aussi vite que je l’aurai souhaité en raison des difficultés évoquées plus haut. Mais patience, “Babette Motuka, Reine des Nappy” sera bien dans les bacs dans quelques mois. Un artiste est une éponge. L’éponge absorbe tout. Je suis donc en plein essorage. Moi, Bob l’éponge ! (rires)

 

Quels sont vos moyens de travail… Comment vous appropriez vous vos instruments de travail ?

J’ai une planche à dessin. Format A3. Je peux l’incliner jusqu’à 45°. J’utilise des crayons de couleurs pour faire mes crayonnés de volume. Surtout le bleu, c’est ma couleur préférée. Je passe ensuite les détails au crayon noir. J’aime les crayons à dureté moyenne (HB). Je déteste gommer. C’est physique et ça encrasse toute la table. Je réalise l’encrage au feutre noir ou à la plume (encre de chine). Cela dépend de la commande. Je me suis mis au digital art (dessin directement à l’ordinateur). On utilise un stylet plutôt qu’un crayon à papier. Avec l’informatique les possibilités graphiques sont immenses. Je combine donc les deux méthodes. Le digital art me sert surtout pour les décors (bâtiments, véhicules) et la mise en couleur. Je conserve la méthode traditionnelle pour les contours des personnages et les vêtements.

 

Illustrer, dessiner, c’est en quelque sorte être un créateur, pensez-vous être un messager de l’Éternité lorsque vous créez  à travers le dessin?

Certains dans le 9e art ont réussi à imposer leur style. Oui, je souhaiterais que mon œuvre, Babette Motuka surtout, me survive. J’y travaille. Ce n’est pas gagné d’avance.

 

D’où peut venir en l’humain ce besoin de créer ?

Je crois que l’artiste est un simple médium. Il est connecté à des forces métaphysiques. Si toutes les planètes s’alignent et qu’il est dans de bonnes dispositions, il est submergé par une envie irrésistible de créer. Il n’y a pas de formule mathématique.

 

Vous êtes passé par plusieurs formations, mais aujourd’hui on remarque que le message de vos illustrations sollicite un regard vers les diversités, vers les différences. Que représente pour vous, le monde, la diversité, les cultures…

Mon travail va dans le sens du métissage. On vient tous de quelque part. Cela ne doit pas nous empêcher de vivre ensemble. On doit accepter la personne en face de nous avec ses différences. “Il faut de tout pour faire un monde” disait le générique de la série Arnold & Willy. Par contre on n’est pas obligé de tout accepter de l’autre. Il faut faire le tri. Prendre le nécessaire. Ne pas renier ses propres valeurs, sa propre éducation. La vie est faite d’équilibres, de moyennes à trouver.

 

Qu’est-ce que le beau selon vous ?

Le beau c’est un sourire, une attention, un accord de musique mélodieux, une courbe de guitare classique, un coucher de soleil.

 

Vous êtes un passionné du foot…

Aaaah le foot, c’est ma deuxième religion! Un jeu de stratégie qui n’a pas d’égal. Un vecteur puissant de cohésion. Quelque soit la couleur de peau, le sexe, la religion ou la classe sociale, il permet de réunir les individus, les familles, les nations. Le foot nous offre des moments de communion exceptionnels. C’est pourquoi je suis accroc. Mon équipe de cœur c’est l’Olympique de Marseille et je suis également fan de l’équipe de France de Football.

Je suis pratiquant. Je joue à la fois avec mes collègues de bureau et avec une association de vétérans en Normandie. Je manque de technique alors je joue en défense et mes collègues me disent que je joue trop dur.

 

Votre modèle dans le monde l’illustration…

J’aime bien le travail de El Carna (Ghana), Pierre Chevelin (Haïti) et Barli Baruti (RDC).

 

Quel regard portez-vous sur les Cultures d’Afrique et des îles ?

Ce sont des cultures fortes qui perdurent. L’Afrique reste une source inépuisable pour la musique, la danse, la mode, le cinéma.

 

Le mot héritage vous dit-il quelque chose ?

L’héritage c’est la responsabilité. Chaque acte que je pose sur cette terre engage mes ascendants. Pour être dignes d’eux je dois être exemplaire. Je dois également transmettre toutes les valeurs que j’ai reçu. C’est un devoir.

 

 

Propos recueillis par Juvénale Obili,

Le Sanctuaire de la Culture

 

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