Qui êtes-vous Léonie ?
Tout d'abord merci pour cette belle rencontre. Je suis une jeune sénégalaise qui vit au Québec, Canada. De Thiès à Québec, en passant par Dakar, j'ai atterri dans ce pays en tant qu'étudiante étrangère à l'ENAP pour une maîtrise en Administration internationale. Mais avant cela, j'ai fait des études en Technique de communications, en Communication des Relations-Publiques et en Journalisme. Très engagée dans les mouvements, j'ai eu beaucoup d'expériences à travers les associations sociales et les organismes socio-religieux, mais jamais en politique.
Vous êtes Directrice générale de l’agence de communication Forman basée à Québec… et vous êtes photographe. Parlez-nous un peu de votre agence et de votre passion pour la photo.
Mon agence appelée Forman, a été créée en 2017. Mais l'idée est née au Sénégal où je comptais l'ouvrir si toutefois je n'obtenais pas le visa pour le Canada. Communication Forman est une agence qui se veut professionnelle, authentique, riche en couleur avec comme volet central la photographie.
Qu’est- ce qui vous a amené sur cette voie de la communication à partir de la photo ?
Il faut dire que quand j'étais plus petite, j'adorais dessiner. Je dessinais du tout: des fleurs, des animaux et autres. En résumé, la nature. A l'approche des fêtes, surtout de Noël et du nouvel an, je passais mon temps à dessiner des cartes de vœux. Je pouvais rester jusque tard dans la nuit à dessiner. C'est ainsi que ma mère, en voyant la lumière de notre chambre, alors que j'étais sensée être au lit, se levait et venait me gronder. Je me rappelle encore de certaines de ses reproches où elle me faisait comprendre que ce n’est pas avec ces dessins que je réussirais dans la vie. Pour elle, il fallait apprendre l'Histoire, la Géographie, l'Observation et les autres matières qui pouvaient me donner de très grands diplômes. Ce qui est tout à fait compréhensible pour une mère. Mais malgré cela, je continuais toujours à dessiner. Et c'est seulement après avoir reçu de bonnes fessées de sa part que j'ai arrêté et que je me suis tournée vers l'image externe. Je veux dire par là, la photographie. A l'époque, je fréquentais le collège Ste-Ursule qui se trouve au centre ville de la région de Thiès. Et à la fin des cours, en rentrant à la maison, je passais par le grand marché où se trouvaient beaucoup de labos photos. Je passais mon temps à regarder les belles photos affichées sur des vitrines. De belles photos riches en couleurs, en modes, mais surtout en histoires. Je dis surtout en histoires, parce que pour moi chaque photo raconte une histoire. Chaque photo est une histoire.
La photographie, une passion ou un métier simplement ? La photographie au cœur de votre agence de communication… Est-ce un nouveau concept ?
Il faut dire qu'avant qu'elle ne devienne un métier, la photographie est tout d'abord une passion pour moi. Une passion née de l'amour que j'avais pour le dessin. Et c'est pour ça d'ailleurs que je l'ai mise au centre de mon agence de communication. Oui on peut dire que c'est un nouveau concept, car avant, les agences de communication avaient pour but principal de donner des conseils, de gérer les relations-publiques, de partenariat ou de sponsoring pour une entreprise, une association ou même une personne. Elles avaient pour but de faire de l'événementiel. Communication Forman fait tout cela, mais la photographie est au cœur de son travail. Elle est aussi sa porte d'entrée. Et il est important pour moi, que les choses soient et demeurent ainsi.
Êtes-vous numérique ou manuel ?
Les deux. Mes cours de technique en communication, ont été données avec les méthodes que sont: la méthode analogique et la méthode numérique. J'en parle à l'instant et pleins de souvenirs me reviennent. Aujourd'hui, j'utilise beaucoup le numérique, mais j'ai un appareil photo analogique qui m'a été offert par mon beau-père. Un beau cadeau de famille qu'il a lui-même hérité de son père.
Un photographe dans le monde qui vous touche beaucoup ?
Je ne peux pas vraiment dire qu'il y a un photographe dans le monde qui me touche beaucoup. Car, je n'en suis aucun et c'est pas à cause d'un photographe que je suis devenue photographe. Ma passion pour la photo est née de ma passion pour le dessin. Et puis à l'époque, on ne parlait pas des photographes comme aujourd'hui. Du coup, c'était difficile d'avoir une référence ou de côtoyer un photographe, surtout que c'était un métier tabou. Aujourd'hui, je connais beaucoup de photographes. Je les admire, je regarde leurs belles photos et parfois je fais des critiques.

Photographier pour vous, c’est….. ?
Raconter une histoire.
L’image qui vous a le plus marquée ?
Pas une mais plusieurs images m'ont déjà marquées. Que ça soit les photos d'une femme enceinte ou celles d'une femme qui accouchent, j'adore ces captures. C'est toute une histoire.
Y a-t-il un élément dans la nature qui vous donne envie d’espérer ?
Les enfants… J'adore les enfants. Et pour moi, tant qu'il y en aura, j'aurai foi en l'humanité.
La personne que vous auriez aimé interviewer et pourquoi ?
Ma mère. Non seulement pour lui demander ce qu'elle pense de moi en tant que femme et mère, mais aussi comment elle a réussi à fonder une si belle famille? Comment elle a réussi à inculquer de belles valeurs à ses enfants, à les gérer tout en restant digne et brave? Autant de questions que j'aurais aimé lui poser, mais hélas je ne pourrais le faire car elle nous a quitté le 25 février 2018. Paix à son âme.
La réalité que vous chérirez dans cent ans…
La paix partout dans le monde. Je veux dire par là, qu'on n'entende plus parler de guerres, de massacres, etc.
Un auteur spirituel qui vous touche beaucoup ?
Jean-Marie Vianney
Quels sont vos défis dans les années à venir ?
Détenir la plus grande agence de communication qui donne la meilleure visibilité aux acteurs, politiques, entrepreneurs et chercheurs noirs partout dans le monde...
Si je vous demande le mot qui décrit le plus votre conception de la Vie, lequel ce serait ?
La communion. La communion des cœurs et des esprits.
Quelle cause vous tient le plus à cœur ?
Le bonheur des enfants.
Merci Léonie
Entretien réalisée par Nathasha Pemba
(Le Sanctuaire de la Culture)