"La salle bal" c'est l'histoire d'Ella qui après avoir brisé la vitre de la filature où elle a toujours travaillé est envoyée dans un asile d'aliénés mentaux pour y passer plusieurs jours. Au fil des jours l'espoir d'être libérée cède la place à la routine. Elle fait désormais comme tout le monde. Machinisme et automatisme semblent caractériser les hommes et femmes qui y vivent. Seulement il y a un moment que l'institution a prévu pour la détente. C'est le vendredi car les pensionnaires qui ont fait preuve de bonne conduite se retrouvent alors dans la salle de bal pour danser. c'est donc le lieu du rapprochement où tout ce monde peut se frotter et même se parler.
À force d'y aller, elle finit par s'attacher à son cavalier: John l'Irlandais. Ils se retrouveront souvent sur leurs pas de danse et finiront par s'aimer. Leur attirance mutuelle questionne le docteur Fuller chef d'orchestre de fortune, mais en réalité un chercher effréné en sciences comportementales qui pense pouvoir innover en démontrant que la musique peut avoir une influence positive sur la santé mentale des personnes pauvres ou aliénées. À cette période de l'histoire, la maladie mentale semble être caractérisé comme étant liée à la morphologie ou provenant de l'hérédité. Avoir un problème mental est alors considéré comme l'apanage des pauvres. Au niveau du gouvernement il se prépare un projet de loi sur le contrôle des pauvres d'esprit.
"Tu penses vraiment que je suis là parce qu’on m’a enfermé ? Tu crois que je vais rester là jusqu’à devenir comme ces bougres là-dedans, qui restent assis dans leur merde ? Si je suis là c’est parce que je l’ai choisi. Si je veux sortir, il me suffit de sortir, affirma-t-il en désignant d’un geste la porte ouverte, je grimpe, je saute et hop ! Comme je l’ai toujours dit"
La salle de bal est un roman historique puisque l'auteure plonge dans l'histoire des asiles à une époque de l'histoire anglaise. Elle s'inspire de la vie de son arrière-arrière-grand-père et re-questionne la science et la société sur la politique eugénique dans les asiles. Les lieux qu'elle décrit ont existé dans certains lieux qu'elle ne cite pas forcément dans le roman.
Internement, hypocrisie de certaines classes, procréation et liberté sont les thèmes essentiels qui fondent ce roman.
Le roman est très bien écrit. Anna Hope touche une question importante du point de vue psychologique et sociétal. Elle montre que pauvreté ne rime pas toujours avec misère inintelligence. Les pauvres qu'elle présente ont un sens aigu de la liberté et veulent savoir aussi ce qui se passe. Le docteur Furrer issu des classes bourgeoises est un personnage important que l'auteure présente très bien.
À mon avis, son livre peut être considéré comme une invitation à convertir son regard sur les personnes que les sociétés ont tendance à marginaliser.
J'ai beaucoup aimé ce roman et je vous invite à le découvrir avec moi.
Nathasha Pemba
Le Sanctuaire de la Culture remercie les éditions Gallimard "du monde entier" pour leur collaboration.
Références
Anna Hope, La salle de bal, Paris, Gallimard, 2017.