
1*On ne brûle pas la dictature, c'est elle qui brûle.
2*Toute mon écriture est une manière de dire cette chose. C’est dingue d’être amoureux de l’humanité mais je le suis et j’en suis fier. Fier, avec mes trois peurs. Elles s’imposent à moi comme à tous les humains : la peur de finir en tant qu’être, mais aussi en tant qu’espèce, peur de l’égarement et enfin peur de l’inutilité. Et puis, malgré tout, une certaine peur de la parole. Je dis bien peur de la parole et non honte. D’une manière ou d’une autre, il m’est possible de répondre à toutes les questions qu’on pourrait me poser sur mon verbe en une seule et unique phrase : je suis écrivain, que voulez-vous que j’y fasse, les choses viennent du ventre. Parce que le ventre demande un peu de place sur notre terre en question. Parce que les gens semblent ignorer que c’est de la viande que nous vient la vie…
(Encre, sueur, salive et sang : Textes critiques de Sony Labou Tansi)
3*Nous sommes tous des Hitler en puissance. Si sous prétexte d’informer les gens on doit continuer d’abattre plusieurs millions d’arbres par jour, alors le progrès ça sert à quoi ? Il faut des prophètes, notre temps en a besoin. Il faut des révoltés pour faire face à l’ensauvagement. Quand un mot pareil est prononcé, tout le monde se tourne vers l’Afrique ou l’Amérique latine. C’est possible. Mais qui invente cette sorte d’Afrique-là ? Je dirais mieux, qui a inventé cette Afrique-là ? Cette terre se déchire et se prend les boyaux… Il est regrettable de constater qu’on ne se rend pas compte que c’est en même temps les boyaux de toute l’humanité qui se déchirent…
(Encre, sueur, salive et sang : Textes critiques de Sony Labou Tansi)
4*Je sais quant à moi que l'on ne peut pas produire de l'art engagé, c'est l'art qui produit des engagements.
L'autre monde: écrits inédits de Sony Labou Tansi
5*A ces peuplades-là, pensent certains dignitaires, il faut du temps pour apprendre la liberté. Disons en passant que même les bêtes savent se servir de la liberté.
L'autre monde:écrits inédits de Sony Labou Tansi
6*On a envie de raconter une expérience humaine, une expérience d'homme avec sa sensibilité, avec les mots qu'on connaît le mieux, avec les expériences qu'on a le plus goûtées. On ne peut pas bercer la misère, c'est impossible, la misère n'est pas matérielle, elle peut être humaine, spirituelle, littéraire... On ne peut pas bercer la misère et puis la misère ne fait pas partie de l'homme. Mais il y a la douleur. On est en face d'une douleur, d'une chose invivable, j'ai des images dans ma tête, il faut que j'arrive à les chasser de ma tête parce que quand je vois un homme qui en étrangle un autre, quand je vois un homme qui brandit un poignard couvert de sang pour dire qu'il est fier d'avoir tué, c'est pas la misère, je ne sais comment qualifier ça, c'est une chose que je ne comprends pas, je m'arrête, je ne comprends plus rien, je meurs.
L'autre monde:écrits inédits de Sony Labou Tansi

7*on ne peut pas changer d'Afrique comme on change une femme
8*L’existence commence là où nous savons dire non !
(Qui a mangé Madame d'Avoine Bergotha ?)
12*Je me disais je suis un guetteur, un écrivain est aussi un guetteur.
