Sophia Azzeddine met en avant l'histoire de Marie-Adélaïde, une fille née sous x. L'héroïne du roman a connu plusieurs familles et plusieurs emplois en grandissant.
De ce point de vue, on peut dire qu'elle a vécu dans une sorte d'instabilité qui a en quelque sorte influencé le cours de sa vie.
Marie-Adélaïde sait aussi ce que veut dire "matricule numéro tant" après avoir passé un séjour dans une prison.
Bref, elle est convaincue que son histoire n'attire personne parce qu'en plus d'être une fille ordinaire, elle est singulièrement une fille à problèmes. Si elle ne cherche pas les problèmes, ceux-ci ont choisi de venir vers elle. Mais elle ne se décourage pas parce qu'elle est convaincue que tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir.
Ignorant ses vraies origines, Marie-Adélaïde se laisse aller par son imagination féconde en essayant de penser le type de famille à laquelle elle appartiendrait, mais ne sait pas encore qu'elle est d'origine arabe.
Contrairement aux autres (je parle de ceux qui se réunissent au sein d'une association en pensant que ça fera moins mal), je n'ai jamais fantasmé ma mère biologique. J'ai bien réfléchi et j'en suis arrivée à la conclusion que je viens d'une famille de bourgeois. Pas pour me consoler mais parce que c'est logique. Les gros beaufs bouffeurs de surimi, il les gardent les gosses, ils ne les abandonnent pas. Plus tard, les torgnoles pleuvent mais bizarrement l'affection est là. (...). Ce sont les bourgeois qui se débarrassent des mauvaises branches. Ils n'aiment pas les contraintes, peu importe leur nature, ils ont un projet de vie qu'ils n'envisagent qu'à long terme. (...). Mon grand-père a dû trancher comme ça: tu abandonneras ce bébé et tout redeviendra comme avant. Ça a dû être bref. Comme le soupir qui l'a précédé.
Cet extrait montre que même si elle suppose être née d'une bourgeoise, elle ne les porte pas trop dans son coeur.
Entre autres thèmes développés, il y a la question de la relation mère-fille qui n'est pas abordée directement, mais qui en réalité constitue le fil du texte comme l'indique le titre. Toutefois il s'agit ici d'une mère inconnue, lointaine... comme l'est l'héroïne aussi, presque insaisissable et assez éloignée de la réalité. Avant de rencontrer sa mère, Marie-Adélaïde est une fille en colère qui rejette tout le monde. En passant, elle égratigne les bourgeois, les pauvres, les hommes et femmes politiques, la cour des grands... Bref, à force de vouloir dénoncer tout, elle ne dénonce presque rien et frôle la stigmatisation.
Écrit à la première personne sans être forcément linéaire, le roman est très captivant et ne donne pas envie de le poser tant qu'on n'a pas lu le dernier mot. On peut dire que le style de l'auteure est très captivant. L'auteur évoque aussi les attentas du 15 novembre à Paris, les difficultés liées à l'emploi et autres thèmes.
Nathasha Pemba