
La sortie de Zabor ou les psaumes de Kamel Daoud constitue l’un des évènements les plus attendu de la prochaine rentrée littéraire dans l’univers francophone de l’édition. Le roman sortira le 17 août 2017 aux Éditions Actes Sud.
Zabor est une ode à l’écriture et à l’imaginaire.
Zabor, c’est l’histoire d’un jeune garçon orphelin de mère qui sera sauvé de la religion et de plusieurs autres maux sociaux grâce à l’Écriture. Dès son enfance, il écrit... il écrit, mais il écrit toujours parce qu’il a compris que, dans son cas, seule l’écriture lui donnera la force de survivre. Il consigne ses écrits dans des cahiers…
Il essaye de faire comprendre à ses proches que son rapport à l’écriture constitue une force de libération dans sa vie.
En réalité, le vrai nom de Zabor c’est Ismaël. C’est à la suite d’un événement qu’on l’a surnommé Zabor, un nom qui signifie « psaumes ».
Dans ce roman à voix unique, Zabor parle de sa relation avec son père, avec ses autres frères issus de l’autre mère ainsi qu'avec sa tante célibataire, analphabète et illettrée, mais d’une grande intelligence pratique .
À l’école coranique Zabor se familiarise avec la Loi et avec la Divinité. En lisant des romans qui n’ont rien à voir avec la religion il fait la connaissance de la Liberté, du Désir, de l’Étrangeté, du Prodige et de l'Irréel.
Zabor et sa tante savent que lui Zabor n’est pas comme les autres. Il a été élevé dans une mouvance religieuse certes, seulement il sait qu’il ne sera jamais l’esclave de la Religion.
Zabor a un don. Il en est conscient. Ce don c’est celui de l’écriture; mais aussi de la relation de l’écriture avec la mort. Aussi, lorsqu’il écrit dans son cahier, il pense donner sens à la vie. L’écriture est pour lui une nourriture qui lui permet de lutter contre la mort. Quand il n’écrit pas, il y a un malheur dans le village…
"Écrire est la seule ruse efficace contre la mort. Les gens ont essayé la prière, , les médicaments, la magie, les versets en boucle ou l'immobilité, mais je pense être le seul à avoir trouvé la solution: écrire. Mais il fallait écrire toujours, sans cesse, à peine le temps de manger ou d'aller faire mes besoins, de marcher correctement ou de gratter le dos de ma tante en traduisant très librement les dialogues des films étrangers ravivant le souvenir des vies qu'elle n'a jamais vécues. Pauvre femme qui mérite à elle seule un livre qui la rendrait centenaire".
Le soir où l’histoire s’écrit, est censé être le jour de la mort de son père. Toute la famille est présente. Que va-t-il faire de son don, Lui qui peut retarder l’échéance de la mort de son père grâce à la puissance de son écriture ? Zabor écrit…

Mon point de vue
Quand j’avais commencé mes études de philosophie, parmi nos professeurs nous avions surnommés quelques uns « Esprit ». Esprit pour souligner la hauteur de leur point de vue. Pour moi Kamel Daoud est un « Esprit ». J’avais beaucoup aimé Meursault Contre-enquête. Et j’ai beaucoup aimé celui-ci même s'il est écrit dans un style tout à fait différent. Ici Zabor, contrairement à Haroun (le frère de l'Étranger), se met dans la peau d’un conteur, d’un historien, d’un révolté ou d’un scribe simplement.
À partir de cette lecture, on ressent comme un besoin pour l’auteur de Zabor ou les psaumes », de raconter, de dire la réalité ou de la dédire. Il souligne le caractère incontournable du Verbe (Logos) qui finit toujours, quels que soient les lieux et les temps, par réaliser sa vocation première : devenir un livre. Il y a un Verbe qui est au début; ensuite ce Verbe qui s'incarne dans la parole; Puis ce Verbe qui prend chair sur un papier pour devenir Vie. Vous l'aurez Imaginé chers lecteurs, Daoud m'a fait penser au Prologue de Saint Jean l'Évangéliste. C’est pourquoi je dirais que, dans ce roman, L'Écriture est œuvre de rédemption parce qu’elle a pour vocation d'aider l’humain à sortir de sa misère et d'amener les autres à se libérer aussi.
Zabor ou les psaumes est bien écrit et il permet à chaque lecteur de vivre l'expérience de la liberté comme Volonté.
Je recommande la lecture de ce roman.
Nathasha Pemba
Références:
Kamel Daoud, Zabour ou les psaumes, Arles, Actes Sud, Paraîtra le 16 août 2017.
Quatrième de couverture
Orphelin de mère, mis à l'écart par son père, il a grandi dans la compagnie des livres qui lui ont offert une nouvelle langue. Depuis toujours, il est convaincu d'avoir un don : s'il écrit, il repousse la mort ; celui qu'il enferme dans les phrases de ses cahiers gagne du temps de vie. Ce soir, c'est auprès de son père moribond qu'il est appelé par un demi-frère honni... Fable, parabole, confession, le deuxième roman de Kamel Daoud célèbre la folle puissance de l'imaginaire et rend hommage à la langue française comme espace d'infinie liberté.