"Je te dirai, encore, mais cette fois d'une voie déchirée et grave que je t'aime. Je confierai ton destin et le mien à de nouvelles forces invisibles. Pour toi, ce sera les forces du Dieu que tu aimais secrètement, mais qui te faisait tant peur; pour moi, celles du destin qui m'aurait offert le bonheur un moment, si vite écoulé, puis me l'aurait repris. Je te dirai que l'éternité des soupirs étranglés aura commencé la seconde même où tu auras décidé de me quitter. Je te demanderai, des fois, puis d'autres fois encore si tu ne m'entends pas, de rester et si tu m'entends, mais que tu ne m'écoutes pas, je te supplierais de me laisser encore un moment dans l'instant pathétique de la dernière seconde. Et quand malgré mes supplices tu m'auras quand même quitté, alors finira le jour et commencera le jour d'après car toute la vie avec toi n'aura été que que la continuité d'un beau jour, nourri de mille satisfactions du coeur, de l'esprit, des sens et de l'harmonie. Et pour moi, le jour d'après sera plus long que le jour d'avant qui aura pourtant duré toute ma vie, puisque ma vie a commencé le jour où je t'ai connue, puisque je n'ai goûté au bonheur de vivre qu'après t'avoir aimé".
Hend Bouaziz, Le jour et le jour d'après, Rungis, Doxa, 2016.